Même face à un duo prometteur, il ne faut jurer de rien.
Ce pourrait être le sous-titre de ce compromis théâtral entre Pierre Arditi et Michel Leeb signé Philippe Claudel et mis en scène par Bernard Murat, ou à parole donnée, sentence honorée. Alléchante comme une promesse de vente, cette pièce vide censée faire un carton, est en fait un grand déballage de rancœur enfouie sous quarante ans d’amitié grimée. Denis et Martin sont l’un acteur, l’autre auteur. L’un surjoue, l’autre déjoue. L’un invente, l’autre imagine. Ils forment un duo d’amis qui ne se complètent pas, voire qui s’ignorent. Denis demande à Martin d’être présent pour accueillir le futur propriétaire de l’appartement qu’il met en vente, et de l’assister à la signature du compromis.
Entre eux et en revanche pas de compromis, mais une compromission impossible, surtout quand il s’agit de tirer la couverture à soi, pour peu qu’elle soit de magazine, car le temps presse. En attendant l’arrivée de l’acheteur, la discussion s’installe, qui devient débat, qui devient rixe verbale. Le cabot a le propos mordant et les mots d’auteur, à la fin de l’envoi, le touchent. On assiste donc à une scène, de théâtre, où la mauvaise foi et la fabulation n’ont d’égos dignes de ces saltimbanques en manque total de crédit. Dans ce face à face de planches pourries, Arditi et Leeb tirent leur épingle du je en piquant le spectateur au vif, qui se sait plus démêler le faux du vrai. Et réciproquement.
A l’instar de Max Ophüls, nous assistons à la ronde des jurons, chère à Brassens, jusqu’à l’entrée en scène du troisième homme, n’en déplaise à Orson Wells, Stéphane Pezerat, ébouriffant. Une pièce aux travers spectaculaires mais certainement propices aux acteurs et auteur de toucher des droits.
Représentations du mardi au samedi à 21h. Samedi 16h30 et dimanche à 16h.