L’Opéra national de Paris est comme à son habitude dans le feu de l’actualité avec les nouvelles productions et les reprises qui chaque soir enchantent la plupart des mélomanes. Cette saison est particulièrement intense car en parallèle des spectacles, d’autres manifestations tout aussi importantes ont lieu dans le cadre des célébrations des 350 ans de la grande institution française. Après, entre autres, les expositions sur les costumes au CNCS de Moulins, Degas à l’Opéra au Musée d’Orsay, c’est au tour du Palais Garnier d’accueillir « Le grand opéra, 1828-1867. Le spectacle de l’Histoire ». Du 24 octobre 2019 au 2 février 2020, sont exposés dans les espaces de la Bibliothèque-Musée de l’Opéra nombre de documents évoquant la Salle Le Peletier, le fastueux Palais Garnier et ce genre qui y a régné en maître au XIXe siècle.
Les Commissaires de l’exposition (Romain Feist de la Bibliothèque nationale de France et Marion Mirande de l’Opéra national de Paris) ont opté pour une présentation chronologique qui permet d’évoquer non seulement les grands compositeurs comme Auber, Meyerbeer et Halévy mais également leurs œuvres, de La Muette de Portici en passant par le Don Carlos de Verdi jusqu’à Tannhäuser de Wagner qui sonne le déclin du grand opéra français.
L’exposition est certes ramassée mais elle est passionnante car elle met finement en avant un genre musical que les parisiens connaissent mal, paradoxalement. Les titres comme Les Huguenots, L’Africaine, Robert le Diable ou Le Prophète de Meyerbeer, Guillaume Tell de Rossini, Les Vêpres siciliennes de Verdi, La Juive d’Halévy évoquent les grandes productions cependant rarement vues ou entendues dans l’institution qui garde encore le souvenir de leur création. Et que dire des opéras de Daniel-François-Esprit Auber qui ont pratiquement disparu des affiches.
Le risque financier étant toujours important, rares sont les directeurs de l’Opéra national de Paris à oser reprendre les titres qui ont pourtant fait la gloire de l’institution. Ils ont pourtant à disposition des chanteurs comme Michael Spyres, Annick Massis ou Karine Deshayes et Véronique Gens qui peuvent sans aucun doute rendre justice aux partitions défendues autrefois par Adolphe Nourrit, Gilbert Duprez, Julie Dorus-Gras, Cornelie Falcon ou Pauline Viardot sans évoquer les étoiles du ballet comme Marie Taglioni. Les mélomanes les plus curieux doivent se précipiter pour visiter cette exposition avant de courir d’autres salles (comme l’Opéra Comique, le Deutsche Oper de Berlin où un cycle Meyerbeer est en cours, le Théâtre Royal de La Monnaie de Bruxelles) ou prier pour revoir Robert le Diable à l’Opéra national de Paris.
Photos : Laurent Julliand