Misery c’est terrible. Misery c’est quelque chose. Mais Misery c’est surtout quelqu’un. Et il n’y a que les américains pour donner des noms pareil. Même si c’est un personnage de roman, l’auteur l’a appelé ainsi. Misère. L’écrivain en question n’est autre que la majesté du suspense, Stephen King.
Couronné de succès pour ses histoires angoissantes et autres récits criminels, porté à l’écran des dizaines de fois, il est à présent adapté au théâtre par la plume de William Goldman. Cette adaptation française signée Viktor Lazlo et mise en scène par Daniel Benoin, a de quoi faire frémir.
La fan numéro un de Paul, l’auteur de notre auteur, le soigne de ses blessures suite à un accident de voiture auquel elle a assisté en le suivant comme son ombre, puis le séquestre chez elle, où personne ne pourra le retrouver. Elle l’oblige à réécrire l’ultime histoire de Misery dont la fin ne lui plait pas.
Commence alors une relation sadique où elle fait subir à son auteur préféré les pires souffrances. On a mal pour lui. On pourrait dire pour eux. L’homme et l’écrivain. Car en torturant l’un, elle humilie l’autre. Et réciproquement. Toute la force du drame psychologique est là.
En demandant à l’auteur de bouleverser son œuvre sous la menace, elle touche à l’intégrité humaine. Morale et physique. Elle contrôle le corps et la tête de celui qu’elle prétend admirer et aimer. L’interprétation de Myriam Boyer dans le rôle de la fan psychopathe est troublante. Plus angoissante que jamais, elle prodigue avec soin les troubles de son personnage, pervers jusqu’à l’obsession. Francis Lombrail est Paul, l’écrivain tourmenté. Au propre comme au figuré. Il soulage les maux que sa tortionnaire lui impose par son jeu dédramatisant. Une pièce qui met la misère aux auteurs.
Représentations du mardi au samedi à 21h.