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Movimentos 2015

MOVIMENTOS, l’exceptionnel Festival du mouvement

Au fil des saisons, le Movimentos s’affirme comme le plus pertinent des festivals de danse en Europe. Chaque année, l’annonce de la nouvelle programmation suscite curiosité et admiration. Concentrée sur deux mois, du 10 avril au 17 mai 2015, elle ouvre à six compagnies invitées, l’époustouflant espace du Kraftwerk. Les quatre cheminées de l’ancienne usine de la firme Volkswagen à Wolfsburg, dominent le bâtiment aménagé pour recevoir la scène. Dans l’immense hall, les échafaudages des gradins complètent le décor où la scénographie a été pensée pour créer une atmosphère unique. Les éclairages achèvent de donner au lieu, une véritable âme. Comme une cathédrale moderne, le Kraftwerk est un lieu surprenant et particulièrement magique.

Depuis plus de 10 ans maintenant, les belles compagnies modernes se succèdent avec des artistes qui reviennent régulièrement comme le fabuleux Sidi Larbi Cherkaoui qui a connu ici de beaux succès. Le fil conducteur du Festival Movimentos 2015 est la Paix. Les nouvelles productions, les chorégraphies, les concerts et les lectures, permettent la réflexion et le questionnement critique autour des thèmes du vivre ensemble, de la compassion, de la connaissance des autres, de l’étranger et du désir d‘apprendre, de s’enrichir. La danse est sans frontière mais un geste est éphémère et fragile comme la Paix entre les hommes….

 

(c) Chen hsiang Liu

 

Cette saison, après l’extraordinaire accueil des spectateurs de Wolfsburg lors des précédentes éditions, le Cloud Gate Dance Theatre of Taiwan revient avec deux spectacles différents, en première européenne, tous deux chorégraphiés par LIN Hwai-min. Le premier programme réunit deux œuvres. White Water est le reflet intense des trois éléments vitaux, le jing (l’essence), le qi (l’énergie) et le shen (l’esprit) d’une épure et d’une beauté toute évidente sur la merveilleuse musique de Satie. Avec DUST a Requiem, sur le puissant quatuor No. 8 de Chostakovitch, la mort et la cruauté des hommes sont évoquées à travers des images très fortes. Le deuxième programme « Rice » est la dernière création de LIN Hwai-min pour la compagnie, à l’occasion de son 40ème anniversaire. Sur des extraits de Wagner et de musiques originales, il rend un vibrant hommage à sa région natale de Chihshang, à travers de superbes tableaux évoquant le riz, le respect de la nature et de la culture, de la croissance et de la décroissance…

 

(c) Greig, Peter

 

L’Australie est à l’honneur cette saison, avec la venue de deux compagnies aux univers bien différents. Les deux spectacles offerts par le Sydney Dance Company et par Shaun Parker & Company sont également des créations européennes. La vénérable Sydney Dance Company a été marquée par les deux figures Jaap Flier et Graeme Murphy qui ont modelé la compagnie. Directeur depuis 2009, Rafael Bonachela signe la chorégraphie de 2 One Another qui a déjà reçu de nombreuses distinctions.

Peut être encore plus original, Am I, le spectacle proposé par Shaun Parker & Company s’appuie sur les travaux de l’astronome Helen Johnston. Cette variation sur la théorie du Big Bang, du chaos originel et des trous noirs est dansée sur une chorégraphie avec une jolie complexité des mouvements et un vocabulaire personnel et très ludique. Pour ce spectacle, Shaun Parker a collaboré avec la célèbre danseuse indienne Shantala Shivalingappa.

 

(c) Gaica Branco

 

L’extraordinaire Kibbutz Contemporary Dance Company offre au Movimentos, la création mondiale de son nouveau ballet qui porte le titre provisoire de Why Bach? On ne connaît rien, pour l’instant, du travail de Rami Be’er mais l’on peut faire confiance au talent du chorégraphe israélien qui a déjà signé quelques 50 productions. Bien sûr, la musique de Bach sera au cœur du spectacle qui portera sur le concept de paix. C’est une commande du Festival.

 

(c) Nevo Uri

 

Wasteland de la Göteborgsoperans Danskompani et Choré des Ballets de Monte-Carlo sont deux spectacles donnés pour la première fois en Allemagne. Entre la Suède et Monaco, les deux univers très différents se rejoignent peut-être par un certain pessimisme ou la noirceur du propos. Ina Christel Johannessen dénonce la société de consommation dans Wasteland tandis que Jean-Christophe Maillot, sous couvert de rendre hommage aux comédies musicales, offre des images d’un monde détruit. Les spectacles ont déjà reçu des critiques élogieuses et constituent également des temps forts de la programmation.

Wolfsburg accueille également une série prestigieuse de concerts de jazz et de récitals classiques avec en tête d’affiche, l’exceptionnel Matthias Goerne, pour ne citer que lui.

 

Une fois de plus, le Movimentos offre l’expérience d’un moment d’Art (la danse ou le concert), doublé d’une réflexion subtile sur l’homme et son devenir. Pertinent et à découvrir absolument…

 

Hugues Rameau-Crays

Music & Opera, le 6 février 2015