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Signé Dumas au Théâtre La Bruyère

Ou comment le grand Alexandre pourrait se faire plumer par son secrétaire si particulier, Auguste Maquet, qui revendique la paternité des œuvres du célèbre auteur, au même titre, justement, que celui-ci. Si d’Artagnan ou Monte-Cristo ont bel et bien existés, le doit-on à l’imagination de Dumas l’écrivain, ou à la fantaisie d’Auguste Maquet, l’écriveur ?

Si le lecteur se pose la question, le rédacteur de l’ombre pose la réponse et affirme haut et fort que Dumas n’est rien sans lui. Et pas réciproquement. Encore une histoire de mots parfaitement servie par le verbe, signée par un duo d’auteurs qui s’assume et paragraphe cette belle pièce de leur deux noms, Cyril Géry et Eric Rouquette. Deux plumes se mêlent de ce qui regarde la littérature en face. Le vrai et le faux. L’alitée rature met en faute un des monuments de notre patrimoine littéraire, malade de son succès, aux yeux altérés de son collaborateur. Maquet ne cherche plus qu’à saigner Dumas. Persuadé que le maitre lui doit sa fortune, sa célébrité, sa gloire. Alexandre le grand a poussé grâce à la lumière du petit Auguste. Le jeu de Davy Sardou est d’une subtilité parfaite. Comme d’habitude. Il ne se donne jamais le beau rôle mais l’interprète toujours de la plus belle manière qui soit. Un grand acteur pour un petit personnage, formé à l’école des Ricains.

L’imposant Dumas, le bien nommé, est campé par le tonitruant Xavier Lemaire, immense personnage et acteur à la hauteur du sculptural créateur. Un Dumas de cocagne. Un exercice oral où sont en jeu les écrits que la postérité attribue au porte drapeau qu’était Dumas, héraut à la voix qui porte, personnage de roman historique et d’aventures rocambolesques que notre culture affectionne. Et si l’imposteur sonne toujours deux fois, un seul facteur rentre en ligne de compte, le talent. Peu importe de quelle croupe vient la plume, pourvu qu’elle jette l’encre inspirée sur l’ile de la création, et pas de la tentation. Tristan Petitgirard met en scène ce duel épique de fines lames du mot, agiles comme Scaramouche, prolixes comme Cyrano, et qui à la fin de l’envoi, nous touchent.

Représentations du mardi au samedi à 21h.

Samedi à 15h30.

Texte : Eric Lebraud – Check Théâtre