img
-

Skorpios au loin, actuellement au théâtre !

Quelques semaines avant la venue en France d’Al Pacino, l’un des plus grands acteurs américains vivant, dont le nom n’évoquera rien de plus pour certains qu’une recette de gloug ou de doubichouk, voici une pièce sur l’une des étoiles éteintes de Hollywood, qui a illuminé le cinéma d’avant et d’après-guerre, devenue une icône inaccessible, référence d’un passé lié à l’Histoire. Greta Garbo. Elle va croiser le temps d’une croisière, le premier ministre le plus emblématique de l’histoire d’Angleterre, plus british que la reine, fumeur de havanes qui portent son nom, stratège militaire et génie civil, peintre, écrivain, statue de commandeur. Winston Churchill.

Ils se mènent mutuellement en bateau, sur le yacht d’Aristote Onassis, en partance pour l’ile grecque de Skorpios. Maria Callas fait partie du voyage pendant lequel la croisière est censée s’amuser. Tous les personnages, on ne peut plus célèbres pourtant, font partie d’un patrimoine historique, de la politique, des arts, des affaires, dont on a peut-être oublié les noms. Et pourtant. Des personnalités, fortes, qui ont marqué ou écrit plus qu’une époque. Ils l’ont faite. Aristote Onassis était un armateur grec, milliardaire. Mélomane, collectionneur d’art, dont le charme, pas forcément discret de la richesse, ne laissait pas indifférentes les femmes qu’il a côtoyées. Approchées. Aimées. Epousées. Comme Jackie Kennedy, veuve du président assassiné, avec laquelle il se mariera quelques années plus tard et qui décèdera sous le nom célèbre de Jackie Onassis. Ou Maria Callas, la diva sublime qui perdit sa voix un soir de gala mémorable et terrible à la Scala.

Celle qui a sublimé l’interprétation, le jeu, la tragédie, dans le chant lyrique. Avant elle, on chantait. Elle, elle était. Tosca. Norma. Carmen. Greta Garbo c’était le sphinx. La Divine. La reine Christine. Anna Karénine. Mata Hari. C’était Garbo. Celle qui a décidé de quitter le cinéma avant que le cinéma ne la quitte. Celle qui a mené sa vie comme elle le voulait. Sans concession, qui ne concerne que les mortels. La rencontre du lion et de la star, imaginée par l’auteur Isabelle Le Nouvel, n’a jamais eue lieu. Peut-être ont-ils traversé la même ligne de vie, mais sans se serrer la main. L’auteur invente l’Histoire. Invite leur histoire. Magnifiquement interprétée par deux figures de style bien différents, Niels Arestrup est un Winston Churchill grand cru. Comme un grand cigare. D’une puissance tranquille. Un Churchill. A la crinière de lion. Ludmilla Mikaël est Greta Garbo. Et elle divine. Belle. Pleine de grâce. De subtilité. Baptiste Roussillon accompagne ses deux protagonistes en tenant le rôle de Nikos, au service de ses maitres et modèles. Délicatement présent. La mise en mer est signée Jean-Louis Benoit, fluide comme des eaux douces. Un beau voyage théâtral émouvant sur les flots.

Représentations du mardi au samedi à 21h
Dimanche à 15h

 Texte : Eric Lebraud – Check Théâtre